Le livre raconte la naissance, le développement et la fin d’un magazine qui parut cinq fois entre le début et la fin des années 1970, se diffusa hors de tout cadre institutionnel et économique traditionnel, se vendit à un million d’exemplaires aux États-Unis et en Europe et inspira une version française. Il informait très concrètement ses lecteurs de l’actualité des recherches de la contre-culture américaine pour vivre différemment : comment construire un dôme géodésique, fabriquer son compost ou concevoir une architecture solaire, ainsi que des dernières publications dans les domaines pratique ou scientifique. La transformation du mode de vie était abordée également sur un plan personnel, avec par exemple l’intérêt pour le yoga qui apparaît en filigrane. Le catalogue associait également démarche écologique, sensibilité hippie et intérêt pour la cybernétique. Paradoxalement, il annonçait ainsi la transformation de nos sociétés par les nouvelles technologies de l’information.
Caroline Maniaque est architecte et docteure en histoire de l’architecture. Ses travaux sont orientés sur la contre-culture américaine des années 1960 et 1970. Elle est notamment l’auteure de l’ouvrage Go West ! Des architectes au pays de la contre-culture, publié en 2014.
Prix de vente : 20 euros TTC – participation aux frais de port : 4 euros.
Le livre raconte très précisément la conception et la fabrication d’un magazine, avec sa part de réflexion sur la mise en page et le graphisme, ainsi que sur le management d’une équipe. L’ensemble est largement illustré en noir et blanc par des photographies, des documents d’archives et des pleines pages du catalogue en portfolio. L’ouvrage est aussi le portrait de son fondateur, Stewart Brand, qui inventa le magazine, le développa, puis y mit un terme, tout en redistribuant les profits pour financer les recherches.
C’est un livre qui se lit forcément dans un parallèle entre cette époque et celle que nous vivons actuellement, car le Whole Earth Catalog se pose avant tout en acteur du changement. La conscience des désordres environnementaux est déjà là mais le propos n’est pas de constater ou de dénoncer, il est dans une force de proposition: plutôt que de faire la révolution, il s’agit d’apprendre à penser différemment. À l’inverse de la Modernité, le catalogue ne valorise pas la nouveauté en soi : certains livres peuvent être référencés dans des éditions successives ; les critères de sélection des objets ou produits présentés sont avant tout pragmatiques (utilité, intérêt en termes d’apprentissage, haute qualité ou coût modeste, envoi par la poste) et ne relèvent pas de leur récente mise sur le marché.
Aujourd’hui, les mots ont changé. Le terme de frugalité connaît une belle fortune et l’on parlerait de développement personnel plus que de yoga. Le débat est dominé par les recherches liées à la production de l’énergie et aux alternatives pour pallier la raréfaction des matières premières, plutôt que par le thème de l’autoconstruction. L’envie de changer notre rapport au monde s’est pour bon nombre d’entre nous mué en sentiment d’urgence et la philosophie promue par le Whole Earth Catalog pourrait bien s’avérer incontournable.